Attribution de la bourse 2020

Sur proposition du comité scientifique, le conseil d'administration de la Fondation des Aveugles de Guerre, réuni le 26 mai,  a attribué la bourse de recherche 2020/2021, d’un montant de 30 000 €,  au docteur Oscar Laurence HAIGH, chercheur en post-doctorat à l'Unité de recherche CEA-Université Paris Sud Inserm U1184, Equipe du Pr.  Roger Legrand et du Pr. Marc Labetoulle.

Composition du jury du comité scientifique :

Président : Pr Antoine Labbé

Membres : Pr Jean-Paul Renard, Pr Vincent Soler, Pr Gilles Thuret.

 

Les 17 dossiers ont été étudiés et classés suivant la méthodologie suivante :

  • Classement en fonction d’objectifs clairs :
    • Objet de la demande
    • Adaptation sujet aux thèmes de la Fondation des Aveugles de Guerre
    • Pertinence scientifique et faisabilité du projet
    • Impact scientifique et pratique
    • Solidité scientifique et capacités de publication
    • Perspectives du candidat

 

Résumé grand public du projet de recherche du docteur HAIGH :

 

Mécanisme de prévention d’une kératite herpétique
et de la réactivation de HSV-1.

Les kératites herpétiques (KH) constituent la première cause de cécité d’origine infectieuse dans les pays industrialisés. Elles sont liées à une infection de la cornée par le virus de l’herpès de type 1 (HSV-1). La cornée est un tissu dont la transparence est indispensable à la vision : les pathologies entraînant une perte de sa transparence (opacification) résultent donc en une perte de vision. Au cours d’une KH, la bataille livrée par le système immunitaire contre le virus de la cornée entraîne non seulement une perte de transparence cornéenne mais aussi une réduction de l’innervation cornéenne, essentielle à la bonne santé de ce tissu.

La quasi-totalité de la population (99%) est infectée par HSV-1. Lors de la primo-infection (notre première rencontre avec le virus), le virus nous infecte via les tissus de la bouche et du nez, (le plus souvent sans symptôme) puis gagne les fibres nerveuses et les neurones sensitifs de la face où il établit une infection latente qui persiste durant toute la vie. Sous l’influence de certains facteurs comme le stress, la fièvre, l’exposition au soleil, ou même sans raison apparente, le virus peut sortir de sa latence (on parle de réactivation) et se propager le long des neurones sensitifs de la face pour atteindre la cornée. Il occasionne ainsi des récidives de KH qui pourront entraîner à chaque épisode une baisse de vision supplémentaire.

Alors que le virus sous forme latente est retrouvé dans les neurones sensitifs des 2 côtés de la face, les patients souffrant de KH présentent une atteinte quasiment toujours unilatérale, avec des récidives touchant toujours le même œil (droit ou gauche).

Nous disposons d’un modèle expérimental in vivo qui reproduit fidèlement l’infection chez l’homme, tant  la primo-infection que la persistance virale en latence, mais également l’atteinte cornéenne, qui comme chez l’homme, est strictement unilatérale. Ce mécanisme de protection naturelle à l’origine de l’unilatéralité des KH pourrait constituer une piste de recherche pour la mise au point de traitements préventifs.

Nous avons récemment démontré que cette unilatérité était la conséquence de la cinétique de la réponse immunitaire contre le virus lors de l’infection. En effet, cette réponse n’est certes pas assez rapide pour protéger les neurones et empêcher l’entrée en latence du virus des 2 côtés de la face, mais au moment plus tardif où le virus atteint les neurones de la face du côté opposé à l’infection, elle est suffisamment efficace pour bloquer tout phénomène de réactivation potentiel, protégeant ainsi ce côté de toute atteinte cornéenne ultérieure (en quelque sorte, la latence n’est pas réactivable du côté opposé à l’infection).

En outre, nous avons réussi à établir une protection complète contre l’infection aiguë et les réactivations d’un virus virulent en utilisant préalablement un virus atténué, incapable de se répliquer dans les neurones (et donc de réactiver).

Nous n’avons pas encore complètement compris les mécanismes de protection en jeu dans ce modèle mais nos résultats récents suggèrent qu’il repose sur des mécanismes immunitaires spécifiques. Le projet que nous proposons vise à étudier en profondeur les mécanismes en jeu dans la protection contre l’infection initiale et les réactivations.

Il n’y a actuellement pas de traitement préventif vraiment efficace contre les récidives de KH. Nos résultats récents sont très prometteurs et nous ont permis de bloquer in vivo les réactivations. Par conséquent, les résultats de l’étude que nous proposons pourraient avoir des implications directes dans la perspective de stratégies vaccinales contre les atteintes oculaires liées à HSV-1.

                                                                       

de gauche à droite : dr. Oscar HAIGH, Pierre Tricot

 

 

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